Romano Prodi

La politique éclairée

Né le 9 août 1939 à Scandiano, en Italie, Romano Prodi est docteur en droit de l'Université de Milan et postgradué de la London School of Economics. Dès 1963, il entame une importante carrière universitaire qui le conduit notamment à Stanford et Harvard. Professeur d'organisation industrielle et de politique industrielle à l'Université de Bologne, de 1971 à 1999, il poursuit parallèlement un engagement politique de haut niveau, comme ministre de l'industrie de 1978 à 1979, Président de l'Institut de la reconstruction industrielle (IRI), de 1982 à 1989 et de 1993 à 1994, puis comme Président de l'Olivier, coalition de centre gauche, en 1995. "À l'époque, l'Italie était marquée par une fragmentation politique extrême" nous dit le Pr André-Paul Frognier (ESPO/SPRI), politologue et parrain de M. Romano Prodi. "La constitution de l'Olivier a eu le mérite d'offrir une importante clarification politique dans son pays : elle a offert des choix politiques clairs au peuple italien." En 1996, Romano Prodi devient Premier Ministre et fait entrer l'Italie dans l'Europe monétaire.

"Faire entrer l'Italie dans l'Union monétaire n'était pas chose facile" continue le Pr Frognier. "Sa politique de restriction des dépenses publiques lui a permis de contrôler l'énorme déficit du pays en le réduisant au niveau requis par l'Union européenne. Grâce à sa très bonne communication auprès de la population italienne, il a réussi à leur faire accepter les importants sacrifices à court terme qu'engendrait cette politique." Si le taux de satisfaction des Italiens envers leur gouvernement a été pendant longtemps le plus bas d'Europe, il remonte nettement sous son gouvernement (laissant la place à… la Belgique, alors en pleine affaire Dutroux). L'efficacité de cette politique, conduite au sein d'une coalition pluraliste et complexe, impressionne fortement ses collègues européens qui, il y a quelques mois, voient en lui le candidat idéal pour reprendre le poste de Président de la Commission, suite à la démission de la Commission Santer. "Il a fait l'unanimité au sein du Conseil européen qui l'a très rapidement désigné à la succession de Jacques Santer." D'emblée, il apporte plus de transparence, améliore le dialogue avec le Parlement, et donc, avec l'opinion publique, redonnant ainsi plus de légitimité à la Commission. "Sa Présidence commence sous de bons auspices."

"Ce qui est remarquable chez Prodi" termine le Pr Frognier, "c'est qu'il applique, en tant que politicien, la politique qu'il prônait en tant qu'universitaire. Il y a une véritable continuité entre les idées et les actes. Son engagement politique est éclairé par sa réflexion intellectuelle. Romano Prodi est un intellectuel qui s'engage dans la fidélité à ses convictions."

(R.D.)



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Dernière mise à jour : 27 janvier 2000
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